Zynga vient d’arriver à un accord avec Vostu, un développeur brésilien de jeux sociaux, suite à des procédures judiciaires aux Etats-Unis et au Brésil par lesquelles l’américain accusait le brésilien de non respect des copyrights. L’occasion pour nous d’étudier la place de l’imitation dans le monde des jeux sociaux.
Zynga VS Vostu
En juin de cette année, Zynga avait déposé une plainte contre Vostu pour violation des droits d’auteurs, suggérant que la société brésilienne ne faisait que copier les jeux Zynga : Café Mania pour le Café World de Zynga, MegaCity pour CityVille, des imitations de FarmVille et Zynga Poker.
Apparemment, ceci allait au point que Vostu avait repris les erreurs de développement de Zynga. Par exemple dans le jeu de Zynga CityVille, tous les bâtiments devaient être reliés à une route pour pouvoir fonctionner, mais un oubli lors du développement du jeu a fait que les bâtiments municipaux (mairie, poste…) fonctionnaient sans avoir de porte sur une rue. On retrouvait cet oubli tel quel dans MegaCity.
Visuellement aussi, la reprise de l’univers est flagrante, voyez vous même :
Cette semaine, les deux développeurs sont arrivés à un accord et ont abandonné les poursuites, Vostu a versé une somme (non indiquée) à Zynga et a accepté d’effectuer des modifications sur quatre de ses jeux. Au moment du dépôt des plaintes, le porte parole de Vostu, Davidson Goldin, avait pourtant décrit les accusations comme “futiles”, et avait prétendu que Zynga avait imité tant de jeux par le passé qu’ils étaient aujourd’hui incapables de reconnaître les jeux Vostu comme développés indépendamment et pleins d’idées originales.
L’arroseur arrosé ?
Les accusations de Zynga peuvent en effet paraître ironique lorsque l’on va chercher les origines de ses deux premiers succés : FarmVille et Mafia Wars.
En 2009 sortent ces deux jeux qui rencontreront un grand succès avec le public. Pourtant, le public ne peut s’empêcher de comparer ces deux jeux à Farm Town et Mob Wars (les subtiles différences dans les noms y aidant aussi).

A gauche, le jeu Farmtown développé par Slash Key,
et a droite le jeu de Zynga, Farmville, à ses débuts
PsychoMonkey avait même déposé une plainte contre Zynga pour violation des droits d’auteur du fait des similarités entre Mob Wars et Mafia Wars.
Les jeux sociaux comme simple réadaptation des jeux traditionnels aux réseaux sociaux ?
Malgré ces imitations répétées lors de ses débuts, Zynga a su s’imposer comme le développeur numéro un de jeux sur Facebook, dépassant les premiers entrants. Un des co-créateurs de FarmVille, SiZhao Yang expliquait cela par le fait que Zynga avait su mieux réadapter ces jeux au contexte social offert par Facebook.
Même les tous premiers jeux apparus sur Facebook avaient en effet été inspirés par des jeux très similaires, existants auparavant sur internet mais en dehors de Facebook. Les jeux de ferme étaient très populaires sur les sites chinois, les jeux basés sur du texte, tels que Mafia Wars, étaient communs à différents développeurs de jeu par navigateur et le thème de la mafia était très commun parmi ces jeux.
Ce que Zynga a su faire, ce fut créer des dynamiquesparfaitement intégrées au gameplay pour viraliser ces jeux et retenir les joueurs. SiZhao Yang décrivait ainsi :
- la dynamique des rendez-vous : le joueur investit du temps dans le jeu, et le jeu l’amène à revenir plus tard pour pouvoir bénéficier de ces investissement. C’est dans cette logique que Zynga cherche à réduire le temps des sessions de jeu, pour les rendre encore plus régulière dans la journée du joueur. Jouer prend de moins en moins de temps, mais a d’autant plus de prise sur la vie réelle du joueur car il faut revenir encore plus régulièrement au jeu.
- la viralité des jeux : elle est exploitée à l’extrême par Zynga, qui utilise énormément les données chiffrées sur les joueurs dans le design de ses jeux. Les demandes envoyés d’un joueur à plusieurs amis ou bien à un seul ami ont favorisé l’adoption du jeu à travers les réseaux d’amis et sa diffusion à une grande partie des membres du réseau.
- Le tout a été soutenu par une campagne de publicité conséquente (qui a permis de gagner 1 millions de joueurs en 4 jours), un design ni trop enfantin (comme le ferait Playfish) ni trop “programmleur” (en désignant Farm Town), et une infrastructure souple aussi bien techniquement que au niveau des RH.
(Plus d’information sur les mécaniques utilisées par Zynga dans notre article du 7 octobre)
Ce n’est donc pas forcément l’idée ni l’environnement qui ont fait le succès de Zynga, au vu du manque d’inspiration dont souffraient ses créateurs lors du développement des premiers succès. La maîtrise des mécaniques offertes par Facebook pour favoriser la rétention des joueurs et de la viralité ont été clefs dans ce succès. Et ce malgré le fait que FarmTown avait été (avant l’arrivée de FarmVille) considéré comme une application rencontrant un grand succès, en comparaison à l’époque avec (déjà !) un autre concurrent : Barn Buddy.
Un exemple de plus permettant de prouver que l’important n’est pas d’être le premier sur un marché, mais d’être le meilleur ?
Sources : Quora.com, insidesocialgames.com (illustrations) , allfacebook.com, techcrunch.com, venturebeat.com 1, venturebeat.com 2 (illustration)
Photo : Andrewr sur Flickr.