Cet été, Google a agrémenté son service Google News d’un système de badge. A la condition d’avoir un compte Google et d’avoir autorisé l’Historique Web (il s’agit d’une option autorisant Google à enregistrer vos recherches effectuées sur son moteur de recherche et les résultats sur lesquels vous avez cliqués en les liant à votre compte personnel), la lecture d’articles sur Google News vous fera petit à petit gagner différents badges en utilisant des techniques inspirées de la gamification.
Du badge “Elections américaines” au badge “Harry Potter” ce sont plus de 500 badges différents qui ont été créés, chacun sur une catégorie d’actualités. Ils comptabilisent les lectures de l’internaute dans sa progression du badge de bronze au badge d’argent, puis d’or, de platine, avant d’atteindre le badge Ultimate. En lisant régulièrement des articles sur le baseball par exemple, on peut espérer remporter le badge Baseball à la fin de la semaine. Le meilleur moyen de faire progresser son badge est de lire régulièrement quelques articles sur un sujet, plutôt que de lire d’une traite tous les articles en traitant, engageant ainsi l’internaute à revenir souvent.
Le but de ces badges pour vous, internaute ? Obtenir des suggestions supplémentaires d’articles pouvant vous intéresser à partir des articles précédemment lus, montrer les badges que vous décidez de partager avec vos amis sur Google+ (Google a par défaut rendu visible les badges à votre seul compte, et vos amis ne pourront pas voir quels articles vous avez lu), et accessoirement crâner devant ses amis de son expertise et de son ouverture d’esprit…
Google n’est pas le premier à chercher à fidéliser les internautes par des badges. BigDoor offre un kit de badge aux blogueurs, qui donne à leurs lecteurs des récompenses pour leurs visites régulières et leurs participations constructives. Il met ainsi à la disposition des utilisateurs de WordPress un plugin de gamification rapide. Mais peut-on appeler ce système de badges de la gamification ?
Il repose sur une simple constatation : l’entreprise veut que le consommateur effectue régulièrement une tâche. On va donc le récompenser par des points et lui faire monter des niveaux quand il effectue cette tâche. Ce système cherche à créer ainsi un jeu, et en ajoutant dans tout ça un tableau des meilleurs scores, on y ajoute de la compétition, une mécanique supplémentaire de la gamification !
Mais un jeu n’est pas amusant parce que c’est un jeu. Et le joueur ne s’investit autant lorsqu’il joue que s’il s’amuse. Avant d’ “enrober” une tâche de mécaniques de jeux, il faut que cette tâche soit amusante à l’origine, ou du moins pensée dès le début comme un divertissement.
De plus, ces jeux ne reposent que sur des récompenses extérieures: des badges, des points. Or un joueur ne se plaît vraiment dans un jeu que quand il sent qu’il progresse en compétence et en maîtrise. La seule attribution de points ne suffit pas à créer un jeu, même s’ils peuvent en constituer un élément important en tant que moyen de feedback. Les effets d’une gamification “ni faite ni à faire” sont nombreux. Sebastian Deterding, doctorant allemand influent dans le domaine de la gamification, étudie ces conséquences dans cette présentation.
“We don’t need no stinkin’ badges” (On n’a pas besoin de vos badges qui puent littéralement, images tirées du film The Treasure of the Sierra Madre, de John Huston) est devenue une phrase commune dans le monde de la gamification. De son côté Google insiste bien sur le fait que ce système de badge n’est qu’un premier pas, et que les suivants seront étudiés au vu de l’utilisation de ces premiers badges. Que peut-on alors attendre des prochaines étapes vers une consommation de média plus/mieux gamifiée ?