Le succès de Zynga coïncide avec la déprogrammation de feuilleton stars aux Etats Unis
En 2010, Zynga battait un nouveau record de joueurs avec ses jeux Farmville et CityVille. Et lors cette rentrée télé, l’américain ABC déprogramme “All my Children” (La Force du Destin en version française) et “One Life to Live” (On ne vit qu’une fois). Si ces deux “soap opera” sont peu connus en France du fait de leurs courtes diffusions de ce côté de l’Atlantique (TF1 n’a diffusé que 4 épisodes de La Force du destin en 2003 et a diffusé On ne vit qu’une fois en 1987), il s’agissait de feuilletons très connus aux Etats Unis, diffusés respectivement depuis 1970 et 1968.
Ne s’agit-il que d’une coïncidence malheureuse pour ces rendez-vous télévisés ?
L’audience des feuilletons était certes sur le déclin depuis plusieurs décennies, avec l’augmentation de l’emploi des femmes, et l’arrivée de 200 chaînes sur le câble. Mais Erica Kane, le personnage principal de “All my Children” (en illustration de l’article ci-dessus), avait survécu à tout cela, en plus de ses accidents de voitures, de sa bonne douzaine de mariage et d’une intoxication du sang, pour finalement voir sa série se terminer à cause de la culture de carottes virtuelles.
Les jeux sur réseaux sociaux vont-ils contre les feuilletons télévisés ?
En effet les feuilletons et Farmville ont le même public, celle que les publicitaires ont longtemps désignée “ménagère de moins de 50 ans”. Et les feuilletons ont vu leur côte baisser dans les sondages d’audience, particulièrement chez ces ménagères, depuis 2007, l’arrivée de Farmville. Farmville qui a atteint de son côté jusqu’à 80 millions de joueurs fin 2010.
Maria Bailey, auteur de Mom 3.0 (Maman 3.0), explique que les femmes au foyer avaient longtemps considéré les personnages de ces feuilletons comme des amis virtuels. Et l’arrivée des jeux sur les réseaux sociaux a permis de se faire de nouveaux amis interactifs cette fois, et même réels pour les voisins de Farmville. Erica Kane pouvait difficilement faire concurrence de son côté de la caméra…
La multiplication des médias pour les franchises
Les chaînes de télévision cherchent donc une solution, d’autant plus que le public de ces feuilletons est clef pour les régies publicitaires. Et ce sont les anglais qui semblent trouver un bon compromis. La chaîne de télévision ITV a adapté son feuilleton star Coronation Street en un jeu Facebook sorti en novembre 2010. Le jeu Corie Nation proposait au joueur d’évoluer dans les décors du feuilleton, d’interragir avec 60 des personnages de la série, et de payer pour pouvoir accéder à certains biens virtuels.
Les producteurs de Coronation Street se félicitaient de s’adapter à un nouveau média tout en restant fidèle à 50 ans de tradition (le premier épisode du feuilleton remonte à 1960!). Mais le jeu peina alors à atteindre 88 000 joueurs et depuis cet été, l’application Facebook a été retirée pour être étudiée à nouveau par un autre développeur de jeu.
Les développeurs de jeu semblent aussi voir une occasion à saisir dans les feuilletons télévisés : l’américain Entertainment Games a recruté Michael Fairman, un des plus grands experts en feuilletons télévisés après avoir racheté le développeur de jeu sur réseau social Heyday Games. Ils ont en même temps obtenu l’accord de la société de gestion de droits intellectuels CMG Worldwide pour utiliser des photos de célébrités dans des “jeux sociaux rétro sur Facebook, Google+, le mobile et sur le web”.
Et de son côté, Zynga commence à acquérir des noms bien connus tels qu’Indiana Jones pour son jeu Adventure World, pendant qu’EA Games connaît une croissance rare dans les applications Facebook avec les Sims Socials. Qui profite à qui dans l’histoire ?