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La télésurveillance utilise le crowdsourcing et la gamification

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Retrouver les voitures volées


Le crowdsourcing est l’utilisation des capacités, des connaissances ou des savoir-faire d’une foule d’utilisateurs. Il peut se faire dans différents buts (voir l’exemple de la gamification de l’analyse des protéines avec Foldit) et les forces de l’ordre ont vu qu’elles avaient à y gagner.
La police de Seattle utilise ainsi Twitter pour donne le signalement de tous les véhicules volés. Les honnêtes citoyens qui croiseront sur leur chemin un véhicule correspondant au signalement (Get Your Car Back sur Twitter) peuvent alors contacter le 911 pour dire où ils ont vu le véhicule.

Aider volontairement contre le trafic de drogue sur la frontière


Mais le crowdsourcing ne concerne pas que les appels à témoin.
La multiplication des caméras de surveillance dans l’ensemble des lieux publics n’a pas été suivie par l’embauche d’agents de surveillance. La plupart des caméras installées dans le monde n’ont personne derrière pour effectivement surveiller et contacter les forces de l’ordre si besoin.
Si c’est bien un métier de surveiller ces écrans, des internautes sont prêts à surveiller de chez eux ce que voient certaines caméras de surveillance. Sur BlueServo, la coalition des sheriffs de la frontière texane vous propose de les aider à surveiller la frontière mexicaine.

Blue Servo, image de surveillance
Un radeau traverse le fleuve à la frontière,
vue d’une caméra de surveillance

Tout internaute volontaire peut donc aider à surveiller différents points de la frontière à partir des images des caméras de surveillance et signaler selon la zone des personnes à pied ou en radeau, portant des sacs ou non, principalement dans des zones de trafic de drogue avec un bouton “signaler une activité suspecte” qui transmet cette alerte au sheriff. Le gourverneur du Texas Rick Perry a donc lancé ce site en novembre 2008, et il y eut plus de 200 000 alertes pendant les deux premiers jours du projet (bien entendu toutes les alertes ne mènent pas à une intervention).
Si la cible affichée est bien le trafic de drogue et le crime, beaucoup y voient là un encouragement à la délation des immigrants clandestins. La coalition des sheriffs texans nient de leur côté tout lien entre le projet BlueServo et le contrôle de l’immigration.

Ou bien tentez votre chance pour gagner £1,000


Le projet BlueServo a eu la chance de trouver de nombreux utilisateurs facilement, mais il peut être plus difficile pour des services similaires de réunir la foule nécessaire à la surveillance des caméras. Ainsi, en Grande Bretagne, pays le plus équipé au monde en caméras de surveillance, Internet Eyes vous propose de surveiller les caméras de magasins et d’entreprises.
Concrétement les entreprises transmettent en direct les images de leurs caméras à Internet Eyes, et ce sont des internautes dont on a vérifié l’identité qui peuvent signaler des faits suspects. Le sujet sensible que représente la surveillance de ces caméras par des citoyens lambda a forcé Internet Eyes à appliquer quelques mesures de sûreté : l’identité de chaque utilisateur est vérifiée par un service et confirmée par le fait que l’utilisateur doit payer un abonnement par Paypal (à partir de £2, 2€30, par mois).

CCTV, Andy Roberts on Flickr
Un bras d’honneur à la caméra vaut-il le coup d’utiliser une alerte ?



L’idée peut donc paraître incongrue : vous payez pour faire la même tâche qu’un employé de surveillance. C’est là qu’une part de gamification entre en jeu. En effet, pour s’assurer de l’attention des utilisateurs et optimiser l’utilisation des alertes, Internet Eyes limite l’utilisateur à 5 alertes par mois, et met en jeu chaque mois la somme de £1,000 (1 140€) qui sera gagnée par le meilleur “guetteur” (les guetteurs sont jugés par un système de points : une alerte pour un fait qui s’avère condamnable rapporte 10 points, une alerte pour un fait effectivement suspect mais sans conséquence ne rapporte qu’un point, et une fausse alerte retire 2 points à l’utilisateur).

L’utilisation de la gamification dans un domaine aussi sensible ne rend-elle pas d’autant plus critique l’analyse des mécaniques mises en jeu ? des rendre impossible les trucheries le système, bénéficiant ainsi à la gamification en général? On ne peut pourtant négliger l’aspect éthique d’encouragement à la délation.

La photo de l’article est de Pete Reed et la dernière photo est de Andy Robert, tous deux sur Flickr